Bien souvent avant même de commencer un traitement d’orthodontie les patients ont une idée très floue sur la durée des traitements. Certains s’imaginent corriger leurs dents en quelques mois d’autres ont peur d’avoir un traitement sur 7 ou 8 ans. Qu’en est-il réellement aujourd’hui?
Il y a 20 ans, la moyenne nationale des durées de traitements était 3 ans sans maintien après. Elle est actuellement de 2 ans et demi en traitement actif (c’est-à-dire lorsque l’on déplace les dents avec des multibagues en général). Par contre, une phase de maintien d’au moins un an est systématique après.
Ces durées ne sont pas toujours annoncées par le praticien en début de traitement. Elles sont tenues, la plupart du temps par les praticiens spécialistes qualifiés selon une étude de la Sécurité Sociale.
Au cabinet, la durée moyenne de nos traitements est d’un an et demi, suivi d’une année de surveillance pour garantir la stabilité du résultat.
Qu’est ce qui jouera sur cette durée?
Bien évidemment ce qu’il y aura à corriger!
La technique du praticien influe aussi beaucoup.
Selon qu’il y aura des extractions de dents définitives ou pas (en général les traitements avec extractions sont un peu plus longs que les traitements sans extraction).
Selon que le traitement se fera en une phase à l’adolescence en denture définitive ou en 2 phases (interception à 7-8 ans puis en denture définitive : les durées se cumulant à ce moment là).
Enfin les techniques de motivation du patient employées par le praticien feront la différence. Car ce qui joue à 90% dans la réussite et donc la durée d’un traitement est : la coopération du patient, quelque soit la technique employée!
Tous les orthodontistes sont unanimes pour dire que le facteur déterminant dans le temps est la motivation du patient. A chaque visite l’appareillage est réglé minutieusement mais la personne qui entretiendra cette précieuse mécanique sera le patient chaque jour. Tout repose donc sur lui d’un rendez-vous à un autre.
Il est donc évident que plus le patient sera motivé tout au long de son traitement plus le traitement sera réussi, quelque soit le praticien.
Il revient toutefois au praticien de savoir stimuler, encourager, soutenir cette motivation.
C’est pourquoi nous nous positionnons au cabinet plutôt en coach qu’en praticien expert. Il s’agit d’une tendance au sein de la profession qui, nous l’espérons, se développera. Les patients qui deviennent acteurs de leur traitement permettent inévitablement de raccourcir les durées de traitement.
Par ailleurs, on observe une tendance depuis 20 ans au raccourcissement de la durée des traitements en orthodontie grâce aux nouvelles techniques (brackets auto-ligaturant, techniques sans extraction, coaching du patient).
Un dernier élément très déterminant sera le choix de la date de début de traitement.
Choisir le bon âge pour débuter un traitement va influer sur sa durée. Commencer un traitement alors que la plupart des dents de lait sont encore présentes n’est pas forcément intéressant et doit être pesé avec beaucoup de prudence (Cf. notre article à ce sujet ). Parfois l’inquiétude des parents pousse le praticien à débuter très tôt un traitement alors qu’une évolution naturelle favorable peut être attendue ou tout simplement que le problème qui apparait pourra être traité d’une façon plus rapide et plus globale ultérieurement. Il faut savoir ne pas agir.
Nous traitons au cabinet la motivation des patients comme un bien précieux et faisons très attention à ne pas démarrer les traitements trop tôt si cela n’apporte pas un gain de temps dans la durée globale du traitement.
En dehors des ces réalités purement techniques, des éléments très subjectifs se mêlent lorsque l’on parle de durée de traitement en orthodontie. L’âge orthodontique se situe essentiellement à l’adolescence, à un moment où la notion de temps est très différente de celle que l’on peut avoir à l’âge adulte. Un traitement qui ne durera que 18 mois peut paraître extrêmement long pour un adolescent pour lequel l’adolescence ne dure que 3 -4 ans.
Tout est donc très relatif dans le rapport au temps de chacun. Est-ce qu’un traitement de 18 mois est long à l’échelle d’une vie ? Non, mais il paraît long à un moment où on a d’autres soucis en tête.
Nous essayons au cabinet d’être le plus transparents possible en fixant d’emblée une durée de traitement : c’est un choix exigeant, qui nous engage. Et lorsque dans 5% des cas il est nécessaire de prolonger la durée prévue, le traitement peut sembler d’un seul coup très long au patient même si la durée de son traitement sera nettement inférieure à celle au niveau national. Il nous arrive très rarement de dépasser des durées de 2 ans et demi, mais les 6 mois rajoutés sont parfois vécus très péniblement.
Certains praticiens préfèrent ne pas donner de date de fin de traitement pour ne pas être sous pression. Nous n’avons pas fait ce choix afin, au contraire, de motiver le patient vers un objectif précis et proche, quitte à le revoir en cours de route si des obstacles se présentaient.
Cela permet de façon générale de rester très motivé pour le patient et de raccourcir la durée du traitement. Mais c’est très exigeant!
Un autre effet subjectif est celui de l’effet cumulatif. En effet, les patients du jour où ils ont débuté le premier traitement jeune, même si celui-ci a duré 6 mois et a été interrompu 3 ou 4 ans avant une deuxième phase, ont l’impression d’être toujours appareillés alors que ce n’est pas le cas. Certains patients nous parlent de traitement de 7 ou 8 ans alors qu’en fait un appareillage n’a été posé sur cette période que sur 1 an et demi ou 2 ans. Le fait de poser un appareil donne l’impression au patient «de rentrer en orthodontie et de ne plus en sortir». Cela rend donc l’orthodontiste extrêmement vigilant lorsqu’il envisage un traitement jeune. Même si le traitement se passe bien à cet âge-là, pour le patient psychologiquement, le traitement ne s’arrête pas! Lorsque le patient aborde la deuxième phase de traitement à l’adolescence sa motivation est fortement entamée au moment où précisément on en a le plus besoin.
Enfin, comment parler de durée de traitement sans parler de la Sécurité Sociale? Le système de remboursement français est basé sur une notion de semestres de traitement donc de durée. Ce système existe depuis plus de 30 ans et malheureusement favorise des traitements aux durées longues : plus le traitement est long, plus le patient est remboursé, plus le praticien se fait payé. Car la facturation se fait selon la durée (au semestre) et non selon les moyens mis en œuvre.
Il est difficile de lutter contre le courant. Toutefois au cabinet nous essayons de le faire en favorisant la notion de coût global de traitement pour s’affranchir de cette notion de semestres. Pour nous le patient doit rester motivé et payer pour un objectif final et non pas pour des semestres de traitements remboursés par la Sécurité Sociale.
Notre conviction profonde au cabinet est que les traitements doivent rester les plus courts possible. Les appareils orthodontiques existants actuellement permettent de réduire les durées moyennes de traitement à 18 mois (suivis bien sûr d’une année de surveillance dite de « contention »). Le patient doit rester au cœur de notre thérapeutique. Sa motivation est le moteur du traitement. Elle est à conserver comme le bien précieux. Nous sommes là pour le conduire à la ligne d’arrivée au mieux de son énergie tout au long du traitement.
Il n’y a pas de tabou au cabinet sur la date de fin de traitement. N’hésitez pas à la poser! C’est l’occasion de prendre le temps de se remotiver autour d’un objectif commun. Toute l’équipe au cabinet est là pour ça.